Depuis quelques jours, en l’occurrence le 27 avril passé, où le parlement européen s’est prononcé sur l’accord commercial relatif au Brexit signé par Bruxelles et Londres, la bourse européenne voit fuir de Londres au profit d’Amsterdam les agents financiers et d’importants capitaux, soit des milliards d’euros.
Pourquoi Londres perd-il sa place et à qui cela profite-t-il ?
Tel un château de cartes, la réputation de première place financière en Europe autrefois attribuée à Londres vient de s’écrouler. Au lendemain de la signature du Brexit, l’ex-première place financière a commencé par compter ses pertes d’actions. De six milliards dès le premier jour, on estime à plus de neuf milliards d’euros les actions déplacées vers la capitale néerlandaise.
Bien positionnée (terrain neutre et utilisation de l’anglais) pour les financiers et offrant de meilleures conditions de travail (fiscalité attrayante notamment), la bourse d’Amsterdam tire grand profit du Brexit et se hisse au rang de leader. Propriété du groupe Euronext, détenteur de la bourse de Paris, ce dernier, en attendant de mettre la main sur la bourse de Milan, gère également les places de Bruxelles, Dublin, Lisbonne et Oslo.
Le développement de Euronext a permis à ce dernier d’engranger plus de parts de marché et de profiter de l’évasion des capitaux et des agents financiers de Londres. Cette montée en puissance de Euronext favorise Paris au point de le positionner meilleur devant Francfort. Il revient à Bruxelles de veiller à ce que dans de telles situations, l’anarchie ne s’installe pas et ne contribue pas au prochain chaos boursier. Encore faudra-t-il que Londres se laisse faire.
Devenue seule et indépendante des institutions et lois de l’Union européenne, Londres pourrait envisager des conditions meilleures pour attirer à nouveau les capitaux et les agents financiers. De tels rapports de force pourraient coûter cher à l’économie mondiale, car le risque de crise économique pointait à nouveau son nez. Qu’il nous souvienne le « Singapour sur Tamise ». Beaucoup d’observateurs envisagent déjà la possibilité que Londres crée un paradis fiscal, déréglant totalement le marché financier.
Cependant, le Brexit aurait-il délibérément omis de prévoir l’équivalence pour faciliter les transactions transfrontalières ? Pourquoi au lendemain du Brexit, Bruxelles a-t-elle déclaré que la bourse londonienne n’offrait plus « le même statut de surveillance » ? Sachant bien que Londres peut tailler sa propre niche sur le marché, quel intérêt Bruxelles a à procéder ainsi ?
Mais en attendant, Amsterdam reste quant à lui pour le moment le numéro 1 grâce au volume d’échanges boursiers. Le continent européen post Brexit nous réserve sans doute encore beaucoup de surprises.
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